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9 mars 2012

9 mars. Comme tous les ans.

Comme tous les ans, je pense à mes grands-parents partis tous les deux un 9 mars.

15 ans pour mon papou. J'arrive pas à croire que ça fasse si longtemps ! 15 ans, et pourtant je continue de penser à lui. Pas tous les jours, seulement parfois, je sais pas pourquoi, ça me traverse l'esprit.

Et 13 ans pour ma mamie. 13 ans, ça veut dire que j'ai passé pile poil la première moitié de ma vie avec elle et la deuxième sans elle. Et vous savez quoi ? J'arrive pas à savoir quelle moitié j'ai préféré. Parce que avant, elle était là, mais j'étais pas super bien dans ma peau. Et après, elle n'était plus là, donc c'était pire, mais le temps (et des gens importants !) ont fait qu'aujourd'hui, je suis mieux dans mes baskets. On peut pas tout avoir ! Alors 13 ans c'est pareil, c'est très long, et je n'y pense pas tous les jours. Sauf depuis que je suis partie. Parce qu'en fait, ma grand-mère, elle voyageait pas mal aussi et que moi, maintenant, les voyages c'est mon truc. Je suis partie 2 fois aux USA, un voyage qu'elle avait aussi fait, et je me rappelle avoir été triste de ne pas pouvoir partager ça avec elle. Et là, me voilà au bout du monde, et il n'y a pas un jour (ou presque) où je ne me dis pas "je suis sûre qu'elle adorerait ça !". Bon je suis pas sûre qu'elle aurait adoré me voir partir seule en Inde, déjà qu'elle flippait quand je partais seule à l'école à l'âge de 10 ans. (c'est pour ça que je me dis qu'elle aurait été aussi inquiète pour la NZ finalement). Mais je crois qu'elle aurait été contente pour moi, et pourquoi pas un peu fière ! Mais maintenant quand j'y pense ce n'est plus seulement avec tristesse. Bien sûr je suis triste quand je pense que je ne peux pas partager tout ça avec elle. Mais le temps a passé, et peu importe si j'ai fait mon deuil ou pas (je n'ai toujours pas trouvé la définition de "faire son deuil"), je vis avec. De toute façon j'ai pas le choix, il faut vivre avec, ou plutôt sans eux, peu importe comment... les jours passent, j'avance, et puis c'est comme ça.

Mais quand je regarde derrière moi (pas trop souvent, je préfère laisser le passé là où il est) j'ai l'impression qu'il y a du progrès : je suis moins triste, et surtout, je ne suis plus en colère. Car j'ai été très longtemps en colère contre la vie, la mort, Dieu, n'importe qui ou quoi que je pouvais blâmer de m'avoir pris mes grands-parents. J'ai fait la paix (avec qui j'en sais rien) et c'est un énorme pas en avant. C'est moins lourd à porter. Même si j'ai les larmes aux yeux en écrivant ces lignes, c'est pas du ressentiment, c'est tout au plus la tristesse qui reste et qui je pense m'accompagnera toujours. Mais c'est pas grave. Les jours passent, on avance, et c'est comme ça.

Et cette colère s'est évaporée en parlant avec ma copine May, rencontrée ici, en NZ. Qui aurait pu croire qu'au bout du monde je rencontrerai qqn qui aurait les mots assez justes pour me toucher et me faire réfléchir à tout ça ? Pas moi en tout cas. Je n'aurai jamais cru que quelqu'un arriverait à me faire faire la paix avec Dieu. Enfin. C'est pas que j'y crois, vu qu'il y a 13 ans j'ai décidé à la fois de ne plus y croire (après 11 ans d'école catholique !) et de lui faire porter le chapeau. J'avais besoin de blâmer quelqu'un de m'avoir pris mes grands parents coup sur coup. Et ça ne pouvait être que lui. En même temps, je me disais que s'il y avait vraiment un Dieu, il ne ferait pas ça. Donc j'ai cessé de croire. Nan, ça n'a aucun sens, mais je m'en fichais, moi ça m'allait parfaitement :D non, je n'y crois toujours pas ou plus, quand je dis que j'ai fait la "paix avec Dieu" c'est plus "avec le concept" de Dieu. C'est pas du tout pareil ;-) (si y'a encore quelqu'un qui me suit, faites-moi signe !).

Et peut-être que j'ai fait la paix avec la vie. J'ai accepté que la mort, même des plus proches, faisait partie de la vie, et de toute façon on n'y peut rien. Ca m'a pris 13 ans.

Ca m'a pris 13 ans pour comprendre que les regrets que j'avais, de ne pas avoir dit / fait certaines choses (et d'en avoir dit / fait certaines autres !), c'était pas utile des les avoir. C'est un poids. C'est sûr, ça m'a fait longtemps mal de me dire que c'était trop tard. Mais maintenant je me dis que c'est comme ça, c'est tout. Ca ne fait plus trop mal. Le temps passe. On dit qu'il faut attendre qu'il passe pour qu'il guérisse, je trouve que c'était un peu long mais bon, c'est pas grave.

Alors oui, le 9 mars, encore, je suis triste. Je le serai peut-être toujours. Mais maintenant ça va.

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Commentaires
V
Je t'ai parfaitement suivie jusqu'au bout (je ne sais pas si ça doit te rassurer ou m'inquiéter !!!). Il faudra qu'on en parle de vive voix quand tu reviendras mais je suis passée par les même cheminements au décès d'êtres très proches...<br /> <br /> Aujourd'hui, je profite de mon Bibounet d'Amour :-) :-) :-)<br /> <br /> Gros gros bisous ma tite Nanie
S
Comme je te comprends, j'ai perdu ma grand-mère en janvier et mes autres grand-parents il y a 23 et 17 ans et j'arrête pas de penser à eux depuis que je prépare le mariage, j'aurais tellement aimé qu'ils soient là.<br /> <br /> Bisous xxx
P
Que dire aprés tout ça, j'ai moi aussi perdu des êtres chers, et c'est difficile à accepter, on dit que le temps fait 'le reste', mais malgré tout la blessure est toujours là, même si on apprend à vivre avec.<br /> <br /> Gros gros bisous ma Nanie.<br /> <br /> Sophie
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